Le monde merveilleux de Vinci

  • février 19, 2012

Vinci ne recule devant rien, et est prêt à tout pour se donner une image sociale et écologique. En voici la preuve, ça vient d’un article de 20 minutes :

Des légumes bio le long de l’autoroute A19

Le Jardin de la Voie romaine, à but de réinsertion sociale, est implanté le long de l’autoroute A19. Jardin de la Voie romaine

 

INITIATIVE – Dans le Loiret, un jardin d’insertion cultive des légumes bio pour les revendre sur une aire de repos…

«Nous faisons tout pour qu’ils s’en aillent». Julie Mandresilahatra, directrice de l’association Le jardin de la Voie romaine, est pressée de se débarrasser de ses douze salariés, mais cela part d’une bonne intention: ils sont tous en réinsertion professionnelle dans le potager installé le long de l’A19, près de Beaune-la-Rolande (Loiret). Ouvert en octobre 2010 sous l’impulsion de Vinci, le constructeur de l’autoroute, le jardin a commencé à produire des légumes bio et continue son développement grâce à une bourse accordée début janvier par la Fondation pour la nature et l’homme (FNH, ex Fondation Nicolas Hulot).

Savoir-être plutôt que savoir-faire

Plutôt que de laisser un terrain inutilisé le long de l’A19, et pour «verdir» cette nouvelle voie, le groupe Vinci a imaginé un projet à visée sociale et environnementale et s’est rapproché pour cela du réseau Cocagne, qui compte déjà une centaine de jardins d’insertion. Aujourd’hui, douze travailleurs en réinsertion et quatre salariés permanents font pousser le long de l’autoroute des choux, carottes, pommes de terre… «Ils nous envoient des candidatures spontanées ou nous sont envoyés par les partenaires locaux comme les communes ou les assistantes sociales, etc. Nous ne prenons que des bénéficiaires du RSA, des jeunes sans qualification ou des travailleurs handicapés, explique Julie Mandresilahatra. Il faut qu’ils soient motivés par le travail de maraîchage, mais surtout par la perspective de construire un projet professionnel.»

En moyenne, les travailleurs en réinsertion restent un an dans les jardins, où ils apprennent plutôt des «savoir-être» que des «savoir-faire»: arriver à l’heure, travailler en équipe, respecter des consignes… Payés au Smic sur la base de 24 heures de travail par semaine, avec des contrats de six mois renouvelables, ils bénéficient de formations et d’ateliers pour repartir du bon pied dans le monde du travail, mais pas forcément dans l’agriculture: «En moyenne, 5% des gens qui passent dans les jardins continuent dans le milieu agricole», précise Julie Mandresilahatra. Vinci, qui a laissé son indépendance au projet, participe indirectement à la mission du jardin via un «mécénat de compétences» pour aider la direction de l’association ou faire passer des entretiens d’embauche fictifs aux jardiniers.

Un pique-nique bio cet été?

Les paniers de légumes sont vendus directement au jardin et dans deux magasins de Pithiviers. Mais du bio le long d’une autoroute, ce n’est pas un peu fumeux? «Il n’y a pas de législation qui interdise de faire du bio le long d’une voie de circulation, répond Julie Mandresilahatra, rodée à la question. D’autre part, nous sommes certifiés par Ecocert qui est chargé de contrôler le respect du cahier des charges bio. Enfin, l’A19 n’est pas très fréquentée et les pollutions par l’air ou par les eaux qui ruissellent de la route sont très limitées.»

Bientôt, l’aire d’autoroute voisine pourrait accueillir la vente de paniers ou introduire les légumes bio dans les cuisines du restaurant routier. «Nous pensons vendre les légumes pendant l’été, plutôt ceux qui se mangent facilement avec un pique-nique», espère la directrice. Du côté de la FNH, c’est la mise en relation d’une grande diversité d’acteurs (groupe Vinci, réseau Cocagne, partenaires sociaux, gestionnaires et usagers de l’aire d’autoroute…) qui a séduit le jury des bourses: «C’est une initiative qui a un résultat tangible et qui peut être dupliquée ailleurs», explique Patrice Raveneau, chargé de projets à la FNH. La fondation accorde chaque année plusieurs bourses allant de 1.000 à 5.000 euros. Celle attribuée au Jardin de la Voie romaine servira à financer le matériel agricole et à mettre en place des animations de sensibilisation à l’environnement pour les usagers de l’aire d’autoroute.

Audrey Chauvet