Communiqué du comité de soutien aux inculpé-e-s du 1er décembre
Le premier décembre 2011, 6 personnes ont été arrêtées chez elles de bon matin pour avoir participé à une action au siège de Vinci à Couëron (à côté de Nantes). Le texte suivant, trouvé sur ce site, a été lu sur place le 15/12/11 lors d’un rassemblement de soutien aux inculpé-e-s.
Face à la métropolisation du territoire entre Nantes et Saint-Nazaire, et alors que le schéma de cohérence territoriale prévoit l’urbanisation de tous les alentours des bourgs en transformant des terres agricoles en terrain constructible, nous tenons à affirmer notre désaccord avec cette politique.
Tandis qu’un projet d’aménagement du teritoire au simple niveau de la communauté de communes d’erdres et gesvres (territoire où s’implanterait l’aéroport de NDDL) prévoit l’artificialisation de plus de 15000 ha de terres agricoles en 50 ans. Et ce sur les 35 000 ha de terres agricoles que comptent actuellement la CCEG !*
Nous vous laissons effectuer la recherche du nombre de terres agricoles qui disparaitront sur tout le 44 d’ici 50 ans, grâce à leur projets mégalos de dévellopement économique.
Les enquêtes publiques et autre forme de démocratie participative nous apparaissent comme étant une véritable hypocrisie. Sous prétexte de consultation de la population, les autorités tentent de nous faire avaler des décisions d’aménagement du territoire déjà arrêtés, et qui ne sont ensuite modifiés que pour mieux les esthétiser.
C’est, entre autre, pour ces raisons que nous avons décidé de nous rendre au siège de Vinci le 20 octobre en manifestation. Du fumier et des oeufs de peinture ont alors été lancés sur la facade de Vinci, afin de dénoncer ce cynisme de la consultation citoyenne qui cache une véritable recherche de prestige et de profit . Une occupation militante du siège de cette multinationale a aussi été effectué pour distribuer des tracts aux employé-e-s de cette dernière, et discuter avec les employé-e-s de leur participation directe/indirecte à ces projets destructeurs.
Suite à une plainte de Vinci concernant cette manifestation, 6 opposants-es ont été raflés et placés en garde à vue le Jeudi 1er Décembre à partir de 6h du matin. La plainte concerne la dégradation extérieure du local devant lequel nous nous trouvons. Le simple jet d’œufs de peinture et de fumier sur les vitres aurait ainsi irrité cette multinationale aux mains sales (pléonasme?).
Rappelons tout de même, que Vinci, qui se place en victime, est leader mondial de la construction, et que leur chiffre d’affaires s’élève à 34,8 milliards d’euros en 2010.
De plus, Vinci occasionne des dégâts considérablessur l’environnement, sur la santé de ses ouvrier-ères, sur la vie de nos campagnes par le bétonnage à grande échelle… et cela ne devrait pas nous irriter ?
Combien coûte la misère qui en découle ? A combien chiffrent-ils les vies sacrifiées d’opposants-es à leurs projets mégalos que ce soit en Russie contre le projet d’autoroute à Khimki ou encore au Niger contre les mines d’uranium.
Les autorités publiques ont choisi de défendre les intérêts de Vinci en déployant des moyens qui s’apparentent à un véritable terrorisme d’état; comme le prouve l’ampleur de cette opération de répression, ainsi que les multiples arrestations en série qui se déroulent dans le 44 depuis quelques mois.
Alors qu’une simple convocation suffisait pour interroger les personnes arrêtées, ce ne sont pas moins que 43 véhicules de police et de gendarmerie qui ont été mobilisé (2 cars, des fourgons, des voitures de la BAC et un hélicoptère). La brigade d’intervention de Nantes était prête à défoncer au bélier la porte d’une famille pour arrêter le fils de 22 ans, ou casser un carreau pour entrer en force chez des militants ayant une implication politique publique de longue date.
Au cours des interrogatoires deux jeunes femmes ont dû se déshabiller pour être photographiées en sous-vêtements sous prétexte d’identification de tatouages (!), et certaines personnes arrêtés ont été poursuivi pour refus de prélèvement d’ADN. Prélèvement qui sert avant tout à ficher toute personne contestant la politique des autorités.
Pour une simple action de barbouillage de fenêtres, les inculpé-es ont reçu la menace d’effectuer de la détention préventive jusqu’à la date du procès, le 13 Février 2012, s’ils ne reconnaissaient pas les faits. Cette méthode d’intimidation et d’extorsion d’aveux n’a rien à envier aux régimes autoritaires.
Enfin, pourquoi n’avoir arrêté que des paysan-ne-s, alors que les participant-e-s venaient de toute l’agglomération nantaise et de ses environs. Les autorités chercheraient-elles à saper le possible appui logistique, politique et humain des paysan-ne-s à cette lutte ?
Nous, militant-e-s du comité de soutien aux personnes inculpé-e-s, avons donc décidé de dénoncer publiquement cette arrestation et la gravité des accusations, en retournant sur ces lieux et en vous y invitant.
Par ce rassemblement, nous souhaitons aussi montrer à Vinci et aux autorités locales que nous n’acceptons pas leur tactique d’intimidation !
De plus, nous, comité de soutien aux personnes arrêtées le 1er décembre, sommes conscients que cette rafle, ainsi que les prochains procès visant d’autres opposants et opposantes à l’aéroport, ne font qu’illustrer localement une politique répressive hexagonale:
・procès à Paris début janvier de six personnes solidaires des sans-papier
・procès de six antinucléaires à Cherbourg pour la tentative d’arrêt du train Castor le 23 nov.
・violences policières à Nantes contre l’ouverture d’une Maison des Chômeurs le 19 nov.
・garde à vue de 47 personnes et inculpation de X personnes à Poitiers le 23 nov.
Alors que les mesures d’austérité annoncées ces dernières semaines promettent une vie de plus en plus dure aux pauvres, la police et la justice servent à intimider et casser toute tentative collective de protestation, de refus et de résistance. Cette police et cette justice de classe imposent la tolérance zéro aux réfractaires, alors que les riches et les puissants mènent la société à l’impasse.
Nous ne cesserons de dénoncer la collusion entre les intérêts privés et politiciens, et ce au détriment de l’intérêt collectif ! Nous continuerons à lutter contre le bétonnage des terres agricoles, la destruction de nos espaces de vies, l’urbanisation à outrance et contre le projet d’aéroport de NDDL.
Ne les laissons plus décider de nos vies! Vinci, autres multinationales et les décideurs mégalos doivent sans cesse entendre parler de nous ! Il n’est jamais trop tard pour entrer en résistance !
Le comité de soutien aux inculpé-e-s du 1er décembre, ce 15/12/2011.