LGV : Le triton masqué au secours des aménagé.e.s

  • octobre 2, 2012

Bonne nouvelle, grace à deux ou trois tritons et à quelques gousses, le projet de LGV prend un peu de retard. Evidement, cela ne va pas suffire pour l’arrêter, mais cela à moins le mérite d’emmerder les promoteurs. Loin de s’inquiéter de la perte de leur juteux bénéfices, ces derniers sont surtout préoccupé par le sort des pauvres chomeuses et chomeurs qui n’auront pas la joie de travailler pour leur merveilleuse société.

Plublié par le figaro :

Le chantier de la LGV Tours-Bordeaux ralenti par un triton

 

À cause de travaux arrêtés pour raisons environnementales, Vinci n’a pas pu embaucher, cet été, 200 chômeurs.

Jaunay-Clan dans la banlieue de Poitiers. De grosses pelleteuses enlèvent d’énormes monceaux de terre. Depuis la fin du printemps, le groupement Cosea emmené par Vinci a commencé les travaux pour construire la LGV (ligne à grande vitesse) entre Tours et Bordeaux. Aujourd’hui, 2300 personnes sont à pied d’œuvre sur ce chantier. Un démarrage réussi à une exception près. Bien que Vinci ait toutes les autorisations en matière d’environnement, l’administration chargée de la protection de la nature lui met des bâtons dans les roues.

Ainsi, dans les Deux-Sèvres, elle a fait arrêter le chantier quinze jours car une nouvelle race de triton a été découverte. En Gironde, la suspension des travaux a duré deux mois car une espèce protégée d’ail rose a été mise à jour sur le tracé. «Du coup, cet été, nous avons recruté 400 chômeurs de longue durée alors que nous avions prévu d’en embaucher 600», explique Érik Leleu, DRH de Cosea. Une situation kafkaïenne, surtout à l’heure où l’emploi est érigé en priorité nationale. «Dans cette affaire, j’ai l’impression qu’on préfère les tritons aux chômeurs», soupire Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière.

Risque de licenciement

Et l’histoire n’est pas terminée. Dans les prochains mois, Vinci sera obligé de demander des autorisations liées à la protection de l’environnement pour 1000 hectares supplémentaires car l’emprise de la LGV a évolué. Si le groupe doit suivre la procédure classique – un examen du dossier devant le CNPN (Conseil national de protection de la nature) pas avant la fin de l’année -, cela pourrait avoir des conséquences lourdes. Les autorisations seraient accordées plusieurs mois plus tard… peu de temps avant la période de nidification où le déboisement est interdit.

«Cela pourrait signifier l’arrêt du chantier pendant cinq mois et le licenciement ou la mise au chômage technique de 1300 personnes», explique Éric Étienne, bras droit du préfet de la région Poitou-Charentes. On peut se demander si ces retards ne remettraient pas aussi en cause la date de mise en service de la ligne prévue mi-2017.

Chez Cosea, on se montre persuadé qu’une procédure plus légère sera utilisée pour être en règle avec les textes environnementaux: «Ces autorisations ne retarderont pas le chantier car elles feront l’objet d’arrêtés pris en temps et en heure», explique-t-on chez le constructeur. En fait, l’administration n’a pas encore décidé si Vinci pourra éviter le passage devant le CNPN. Car il y a un risque que de simples arrêtés puissent être attaqués devant la justice. «Ce sera à la ministre de l’Écologie, Delphine Batho, de trancher à ce sujet fin octobre ou début novembre», indique Éric Étienne.